La fermeture d’une SASU représente une étape cruciale qui nécessite une planification fiscale minutieuse, particulièrement concernant le traitement du boni de liquidation. Cette opération, loin d’être anodine, peut générer des conséquences fiscales significatives pour l’associé unique selon sa qualité juridique et les montants en jeu. Le régime fiscal applicable au boni de liquidation diffère sensiblement des distributions classiques de dividendes, créant des opportunités d’optimisation mais également des pièges à éviter. La compréhension des mécanismes d’imposition devient donc essentielle pour anticiper les coûts fiscaux et optimiser la stratégie de sortie de l’entreprise.

Définition juridique et fiscale du boni de liquidation en SASU

Le boni de liquidation correspond à l’excédent financier qui subsiste après l’apurement complet du passif social et la vente de l’ensemble des actifs lors de la liquidation définitive d’une SASU. Cette situation se matérialise lorsque les capitaux propres de la société excèdent le montant du capital social initialement apporté par l’associé unique. Le calcul s’effectue selon une méthode soustractive simple : Boni de liquidation = Capitaux propres – Capital social .

D’un point de vue comptable, le boni englobe les réserves légales, statutaires et facultatives, les reports à nouveau bénéficiaires, ainsi que le résultat de l’exercice de liquidation. Les plus-values latentes réalisées lors de la cession des actifs de la société viennent également alimenter ce montant. Cette approche globale permet de mesurer précisément l’enrichissement de l’associé unique au-delà de sa mise initiale.

La qualification fiscale du boni de liquidation revêt une importance particulière car elle détermine le régime d’imposition applicable. L’administration fiscale considère le boni comme une distribution de bénéfices , ce qui l’assimile fiscalement à un dividende perçu par l’associé unique. Cette requalification entraîne l’application des règles spécifiques aux revenus de capitaux mobiliers pour les personnes physiques ou aux produits financiers pour les personnes morales.

Distinction entre boni de liquidation et distribution de dividendes

Bien que fiscalement assimilé à une distribution de dividendes, le boni de liquidation présente des caractéristiques juridiques distinctes. Contrairement aux dividendes classiques qui résultent d’une décision de distribution de bénéfices en cours de vie sociale, le boni trouve son origine dans la dissolution même de la société. Cette différence fondamentale influence les modalités de calcul et d’imposition.

La principale distinction réside dans la nature des sommes distribuées. Les dividendes proviennent exclusivement des bénéfices distribuables de la société, tandis que le boni englobe l’ensemble des capitaux propres excédant le capital social. Cette approche plus large explique pourquoi le boni peut atteindre des montants significativement supérieurs aux distributions classiques, générant par conséquent une charge fiscale plus importante pour l’associé unique.

Conditions légales d’attribution selon l’article 238 bis HB du CGI

L’article 238 bis HB du Code général des impôts encadre strictement les conditions d’attribution du boni de liquidation. La première condition concerne l’achèvement complet des opérations de liquidation, incluant la réalisation de tous les actifs et l’apurement de l’intégralité du passif. Le liquidateur doit établir des comptes de liquidation définitifs approuvés par l’associé unique avant toute distribution.

La seconde condition porte sur l’ordre de remboursement des apports. La législation fiscale impose que les associés soient réputés récupérer en priorité leurs apports initiaux , l’imposition ne s’appliquant qu’à l’excédent constituant le véritable boni. Cette règle de priorité protège les apports originels de toute taxation, conformément au principe selon lequel la restitution d’un apport ne constitue pas un enrichissement taxable.

Calcul de la plus-value de cession selon la méthode patrimoniale

Le calcul de la plus-value liée au boni de liquidation s’effectue selon une méthode patrimoniale spécifique qui diffère des règles applicables aux cessions classiques de titres. Cette approche considère que l’associé unique cède ses titres sociaux à la société elle-même contre remise des actifs nets de liquidation. La plus-value correspond alors à la différence entre la valeur de liquidation reçue et le prix d’acquisition ou de souscription des titres.

Pour les titres souscrits à l’origine, le prix d’acquisition correspond au montant des apports effectués lors de la constitution ou des augmentations de capital ultérieures. Dans le cas de titres acquis auprès d’un tiers, c’est le prix d’achat qui sert de base de calcul. Cette distinction influence directement le montant de la plus-value imposable et justifie l’importance d’une documentation précise des acquisitions successives de titres.

Impact de la durée de détention des titres sur le régime fiscal

La durée de détention des titres sociaux constitue un facteur déterminant dans le calcul de l’imposition du boni de liquidation. Pour les personnes physiques, cette durée conditionne l’application d’abattements pour durée de détention qui peuvent considérablement réduire la base imposable. Ces abattements s’échelonnent de 50% après deux ans de détention à 65% après huit ans, créant un avantage fiscal substantiel pour les détentions de long terme.

L’appréciation de la durée de détention s’effectue titre par titre, ce qui peut créer des situations complexes lorsque l’associé unique a procédé à plusieurs opérations d’acquisition à des dates différentes. Dans ce cas, la règle du « premier entré, premier sorti » (FIFO) s’applique pour déterminer l’ordre de sortie des titres et calculer les abattements correspondants. Cette approche peut justifier des stratégies de liquidation échelonnée pour optimiser l’application des abattements.

Régime d’imposition du boni de liquidation pour l’associé unique personne physique

Lorsque l’associé unique constitue une personne physique, le boni de liquidation relève du régime fiscal des revenus de capitaux mobiliers, offrant deux options d’imposition distinctes. Le choix entre ces modalités peut générer des écarts fiscaux significatifs selon la situation patrimoniale et les revenus globaux de l’associé. Cette flexibilité permet d’adapter la stratégie fiscale aux spécificités de chaque situation.

La première option consiste en l’application automatique du prélèvement forfaitaire unique (PFU) au taux global de 30%, répartis entre 12,8% d’impôt sur le revenu et 17,2% de prélèvements sociaux. Cette solution présente l’avantage de la simplicité et de la prévisibilité, permettant de calculer précisément la charge fiscale dès la liquidation. Elle s’avère particulièrement attractive pour les contribuables disposant de revenus élevés qui seraient soumis aux tranches marginales supérieures du barème progressif.

La seconde option permet d’opter pour l’imposition au barème progressif de l’impôt sur le revenu, après application d’un abattement de 40% sur le montant du boni. Cette alternative peut s’avérer avantageuse pour les contribuables aux revenus modestes, dont le taux marginal d’imposition reste inférieur à 12,8%. Les prélèvements sociaux au taux de 17,2% demeurent dus dans tous les cas, mais une fraction de la CSG devient déductible du revenu imposable.

Application du prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30%

Le prélèvement forfaitaire unique constitue le régime de droit commun applicable au boni de liquidation depuis la réforme fiscale de 2018. Son application s’effectue de manière automatique sauf option contraire exercée par l’associé unique lors de sa déclaration de revenus. Ce taux de 30% se décompose en 12,8% au titre de l’impôt sur le revenu et 17,2% au titre des prélèvements sociaux .

L’avantage principal du PFU réside dans sa simplicité d’application et sa prévisibilité. Il permet de calculer immédiatement la charge fiscale définitive sans tenir compte des autres revenus du contribuable. Cette caractéristique s’avère particulièrement utile pour planifier la trésorerie nécessaire au règlement de l’impôt. De plus, le PFU évite les complications liées au calcul des abattements et aux interactions avec les autres revenus du foyer fiscal.

Cependant, l’application du PFU présente aussi des inconvénients, notamment l’impossibilité de compenser le boni avec d’éventuelles moins-values mobilières antérieures. Cette limitation peut pénaliser les investisseurs ayant subi des pertes sur d’autres placements financiers. Par ailleurs, le taux forfaitaire peut s’avérer défavorable pour les contribuables disposant de faibles revenus qui bénéficieraient de taux marginaux inférieurs avec le barème progressif.

Option pour le barème progressif de l’impôt sur le revenu

L’option pour le barème progressif permet de soumettre le boni de liquidation au système classique d’imposition sur le revenu, après application d’un abattement de 40%. Cette option doit être exercée globalement pour l’ensemble des revenus de capitaux mobiliers de l’année, interdisant une application sélective selon les types de revenus. La décision revêt donc un caractère stratégique qui nécessite une analyse globale de la situation fiscale.

L’abattement de 40% constitue l’avantage principal de cette option, réduisant mécaniquement la base imposable du boni. Pour un boni de 100 000 euros, seuls 60 000 euros sont soumis au barème progressif. Cette réduction peut générer des économies substantielles, particulièrement lorsqu’elle se combine avec un taux marginal modéré. L’option permet également de compenser le boni avec d’éventuelles moins-values mobilières, offrant des opportunités d’optimisation fiscale.

Les prélèvements sociaux au taux de 17,2% demeurent dus sur l’intégralité du boni, sans bénéfice de l’abattement de 40%. Toutefois, une fraction de la CSG payée devient déductible du revenu imposable l’année suivante , créant un avantage fiscal différé. Cette déductibilité partielle atténue la charge fiscale globale et doit être intégrée dans le calcul comparatif avec le PFU.

Abattement pour durée de détention selon l’article 150-0 D ter du CGI

L’article 150-0 D ter du Code général des impôts prévoit des abattements spécifiques pour durée de détention applicable aux plus-values de cession de titres de participation. Ces abattements peuvent également bénéficier au boni de liquidation lorsque les conditions d’application sont réunies, notamment le seuil de détention et la qualification des titres concernés.

Le barème d’abattement s’échelonne progressivement selon la durée de détention : 50% après deux ans, 65% après huit ans de détention. Ces taux d’abattement se cumulent avec l’abattement de 40% applicable en cas d’option pour le barème progressif, créant des réductions substantielles de la base imposable. Un boni détenu depuis plus de huit ans bénéficie ainsi d’un abattement global pouvant atteindre 85% en cumulant les deux dispositifs.

L’application de ces abattements nécessite le respect de conditions strictes, notamment la détention directe d’au moins 25% des droits de vote ou des bénéfices de la société liquidée. En SASU, cette condition est automatiquement remplie puisque l’associé unique détient 100% des titres. La durée de détention s’apprécie au jour de la liquidation définitive, justifiant parfois un report stratégique de la procédure pour franchir les seuils d’abattement.

Calcul de la plus-value imposable et des prélèvements sociaux

Le calcul de la plus-value imposable s’effectue selon une méthode précise qui intègre l’ensemble des paramètres fiscaux applicables. La base de calcul correspond à la différence entre la valeur de liquidation reçue par l’associé unique et le prix d’acquisition ou de souscription des titres, éventuellement majoré des frais d’acquisition lorsqu’ils ont été conservés en comptabilité.

La détermination précise du prix de revient fiscal des titres constitue un enjeu majeur, car toute erreur d’évaluation impacte directement le montant de la plus-value imposable et la charge fiscale correspondante.

Les prélèvements sociaux s’appliquent au taux de 17,2% sur le montant brut de la plus-value, sans bénéfice des abattements applicables à l’impôt sur le revenu. Cette particularité crée une distorsion entre le traitement fiscal et social des plus-values, nécessitant des calculs distincts pour chaque composante. La CSG au taux de 9,2% demeure partiellement déductible l’année suivante, atténuant la charge fiscale globale.

Déclaration fiscale sur formulaire 2074 et échéances de paiement

La déclaration du boni de liquidation s’effectue sur le formulaire 2074 « Déclaration des plus-values et moins-values », joint à la déclaration de revenus de l’année de perception. Ce formulaire permet de détailler le calcul de la plus-value, l’application des abattements éventuels et le choix du régime d’imposition. Une attention particulière doit être portée à la cohérence des informations déclarées avec les documents comptables de liquidation.

Les échéances de paiement suivent le calendrier fiscal classique, avec un règlement au plus tard le 15 septembre de l’année suivant celle de la perception pour les déclarations papier, ou le 15 octobre pour les déclarations dématérialisées. Toutefois, un acompte peut être exigé en cours d’année lorsque le montant de l’impôt excède certains seuils, nécessitant une planification de trésorerie appropriée.

Traitement fiscal spécifique pour l’associé unique personne morale

Lorsque l’associé unique de la SASU constitue une personne morale soumise à l’impôt sur les sociétés, le boni de liquidation relève du

régime des produits de participation, avec des modalités d’imposition spécifiques. Contrairement aux personnes physiques, les personnes morales ne bénéficient pas du choix entre PFU et barème progressif, le boni étant systématiquement soumis à l’impôt sur les sociétés selon les règles de droit commun.

Le traitement fiscal s’articule autour de deux composantes distinctes : d’une part, la constatation d’un revenu distribué correspondant au boni de liquidation, d’autre part, la réalisation d’une plus-value ou moins-value de cession des titres. Cette dualité nécessite des calculs séparés pour chaque élément, avec des régimes d’imposition potentiellement différents selon la nature des titres détenus et les conditions de leur acquisition.

Le revenu distribué, égal au montant du boni de liquidation, peut bénéficier du régime mère-fille prévu aux articles 145 et 216 du Code général des impôts lorsque les conditions d’application sont réunies. Ce régime permet une exonération d’impôt sur les sociétés, sous réserve de la réintégration d’une quote-part forfaitaire de frais et charges de 5%. Cette exonération constitue un avantage fiscal considérable qui peut justifier certaines restructurations préalables à la liquidation.

La plus-value de cession suit le régime applicable aux titres de participation ou de portefeuille selon leur qualification comptable et fiscale. Les titres de participation bénéficient du régime des plus-values à long terme, imposées au taux réduit de 12,8% majoré des prélèvements sociaux, tandis que les titres de portefeuille supportent l’impôt sur les sociétés au taux normal. Cette distinction influence considérablement la charge fiscale globale et doit être anticipée lors de la planification de la liquidation.

Optimisation fiscale et stratégies de liquidation en SASU

L’optimisation fiscale de la liquidation d’une SASU nécessite une approche stratégique qui dépasse la simple application des règles fiscales. Elle implique une planification en amont qui peut débuter plusieurs années avant la liquidation effective, permettant de maximiser les avantages fiscaux disponibles et de minimiser la charge globale d’imposition. Cette anticipation revêt une importance particulière compte tenu des montants souvent significatifs en jeu.

La première étape consiste en une analyse approfondie de la situation patrimoniale de l’associé unique et de la structure financière de la SASU. Cette évaluation permet d’identifier les leviers d’optimisation disponibles et de déterminer le calendrier optimal pour déclencher la procédure de liquidation. Les stratégies peuvent varier considérablement selon que l’associé unique soit une personne physique ou morale, et selon l’importance des réserves accumulées par la société.

L’optimisation peut également s’articuler autour de la gestion des plus-values latentes présentes dans le patrimoine de la SASU. La réalisation contrôlée de ces plus-values permet d’étaler l’imposition dans le temps et d’optimiser l’application des différents régimes fiscaux. Cette approche nécessite toutefois une coordination fine entre les aspects comptables, juridiques et fiscaux de l’opération.

Étalement de la liquidation sur plusieurs exercices fiscaux

L’étalement de la liquidation sur plusieurs exercices constitue une stratégie d’optimisation particulièrement efficace pour lisser la charge fiscale dans le temps. Cette technique permet de répartir le boni de liquidation sur plusieurs années, évitant l’application de tranches marginales d’imposition élevées pour les personnes physiques ou optimisant l’utilisation de déficits reportables pour les personnes morales.

La mise en œuvre pratique s’effectue par la réalisation progressive des actifs de la SASU, en étalant les cessions sur plusieurs exercices fiscaux. Chaque cession génère un résultat qui vient alimenter les réserves distribuables, permettant des distributions échelonnées avant la liquidation définitive. Cette approche nécessite toutefois de maintenir une activité minimale justifiant la poursuite de l’exploitation sociale.

L’étalement présente également l’avantage de permettre l’optimisation des abattements pour durée de détention. En reportant la liquidation définitive, l’associé unique peut franchir les seuils d’abattement de deux ou huit ans, réduisant significativement la base imposable. Cette stratégie s’avère particulièrement pertinente lorsque la date de franchissement du seuil se situe dans un horizon temporel raisonnable.

Distribution préalable de réserves avant dissolution

La distribution préalable des réserves avant dissolution constitue une alternative intéressante à la liquidation pure et simple. Cette stratégie permet de vider progressivement les capitaux propres de la SASU par des distributions classiques de dividendes, réduisant d’autant le montant du boni de liquidation final. L’avantage réside dans la possibilité d’étaler ces distributions sur plusieurs exercices, optimisant ainsi la charge fiscale globale.

Cette approche s’avère particulièrement pertinente lorsque l’associé unique personne physique peut bénéficier de l’abattement de 40% applicable aux dividendes dans le cadre de l’option pour le barème progressif. En distribuant les réserves avant liquidation, l’associé maximise l’application de cet abattement sur l’ensemble des sommes perçues. De plus, cette stratégie permet une meilleure gestion de la trésorerie personnelle en étalant les rentrées de fonds.

La distribution préalable nécessite toutefois le respect des règles de répartition des bénéfices et peut impliquer des coûts administratifs supplémentaires liés à la tenue d’assemblées générales successives. Il convient également de s’assurer que la société conserve les liquidités suffisantes pour faire face à ses obligations courantes et aux frais de liquidation.

Impact du pacte dutreil sur l’imposition du boni

Le pacte Dutreil, mécanisme d’exonération partielle des droits de transmission à titre gratuit, peut également influencer l’imposition du boni de liquidation lorsque les titres de la SASU font l’objet d’un engagement de conservation. Bien que ce dispositif soit principalement conçu pour les transmissions familiales, ses effets peuvent se répercuter sur la fiscalité de la liquidation, notamment en cas de cession anticipée des titres.

L’engagement de conservation collective et individuel requis par le pacte Dutreil peut limiter les possibilités de liquidation anticipée, imposant un calendrier contraint qui peut s’avérer défavorable sur le plan fiscal. Inversement, le respect intégral des engagements peut ouvrir droit à des avantages fiscaux complémentaires lors de la liquidation, particulièrement en matière d’abattements pour durée de détention.

L’articulation entre pacte Dutreil et stratégie de liquidation nécessite une analyse juridique et fiscale approfondie, car les enjeux patrimoniaux dépassent souvent la seule optimisation de l’impôt sur les plus-values. Cette complexité justifie le recours à des conseils spécialisés pour optimiser l’ensemble des paramètres en jeu.

Utilisation des déficits reportables et moins-values antérieures

L’optimisation fiscale de la liquidation peut également s’appuyer sur l’utilisation stratégique des déficits fiscaux reportables ou des moins-values mobilières antérieures de l’associé unique. Ces éléments peuvent considérablement réduire la charge fiscale liée au boni de liquidation, justifiant parfois un calendrier spécifique pour maximiser leur imputation.

Pour les personnes physiques ayant opté pour le barème progressif, les moins-values mobilières antérieures peuvent s’imputer sur la plus-value liée au boni de liquidation, créant une opportunité d’optimisation significative. Cette compensation nécessite toutefois que les moins-values soient encore disponibles et n’aient pas été utilisées pour compenser d’autres plus-values. Le suivi précis de ces éléments constitue donc un enjeu important de la planification fiscale.

Dans le cas d’un associé unique personne morale, les déficits reportables de la société actionnaire peuvent s’imputer sur les profits liés à la liquidation, réduisant d’autant l’assiette de l’impôt sur les sociétés. Cette stratégie peut justifier le report de la liquidation à un exercice où ces déficits pourront être pleinement utilisés, optimisant ainsi le rendement fiscal global de l’opération.

Obligations déclaratives et procédures administratives

La liquidation d’une SASU génère des obligations déclaratives complexes qui s’échelonnent sur plusieurs mois et impliquent différentes administrations. Le respect scrupuleux de ces procédures conditionne la validité fiscale de l’opération et évite les risques de redressement ultérieur. Ces obligations concernent tant la société en cours de liquidation que l’associé unique bénéficiaire du boni.

Du côté de la société, le liquidateur doit établir et faire approuver les comptes définitifs de liquidation, puis procéder aux déclarations fiscales de cessation d’activité. Ces déclarations incluent notamment la déclaration de résultat définitive, la déclaration de TVA de cessation, et le cas échéant, les déclarations sociales de fin d’activité. Le calendrier de ces formalités s’avère contraignant et nécessite une coordination précise pour éviter les pénalités de retard.

Pour l’associé unique, les obligations déclaratives varient selon sa qualité juridique mais impliquent systématiquement la déclaration du boni perçu dans les délais impartis. La complexité particulière de cette déclaration, notamment en cas d’option pour le barème progressif ou d’application d’abattements pour durée de détention, justifie souvent le recours à un conseil fiscal spécialisé pour sécuriser la démarche.

L’enregistrement du procès-verbal de liquidation auprès du service des impôts constitue une étape cruciale qui déclenche l’exigibilité des droits d’enregistrement éventuels. Depuis 2020, cette formalité n’est plus obligatoire pour les dissolutions simples, mais elle peut le redevenir en cas de transmission de biens spécifiques ou de montants significatifs en jeu. La gratuité de l’enregistrement volontaire incite toutefois à effectuer cette formalité par sécurité juridique.

La radiation définitive de la SASU du registre du commerce et des sociétés marque l’achèvement de la procédure et la disparition juridique de la société. Cette étape finale nécessite la publication préalable d’un avis de clôture de liquidation dans un journal d’annonces légales et le dépôt des comptes définitifs au greffe du tribunal de commerce. L’ensemble de ces formalités génère des coûts administratifs qu’il convient d’intégrer dans le calcul du boni net revenant à l’associé unique.